IV — Gratien GAULTIER, éc. Sgr de Jort et de Pierrefitte, partagea avec ses frères et sœurs les biens de leurs père et mère le 11 février 1534 (H. AC.). Jean HEUDET, éc. licencié ès lois, élu d’Alençon et du Perche, lui donna acte, ainsi qu’à Siméon et Bertrand ses frères, de la représentation qu’ils avaient faite de titres par lesquels ils avaient justifié leur généalogie et prouvé qu’ils étaient nobles et extraits de noble lignée le 28 novembre 1534 (H).
Il acquit en 1546 des terres à Jort des religieuses de Villers-Canivet et peu après des fiefs sur Perrières, Bailleul, Foucqueville et Espaney. Il fut au service de François Ier et Henri II contre l’empereur Charles dans l’armée du prince de Condé. Il mourut à Louvagny (sic) et fut enterré au chancel de l’église de Jort (R – Dossier bleu 77).
Il fut adjoint au procureur du roi pour la vicomte d’Argentan et d’Exmes le 15 mai 1565 (A).
Par lettres patentes du roi Charles IX données à St-Germain-en-Laye le 25 janvier 1561 (A et H) et enregistrées le 9 février 1561 (AC), il fut autorisé avec ses successeurs et descendants, à porter les nom et armes de Beaurepaire, sans être obligé d’y joindre le nom de GAULTIER, sur ce qu’il avait représenté conjointement avec son cousin germain Jean de BEAUREPAIRE que le nom de BEAUREPAIRE était sur le point de périr, car ledit Jean de BEAUREPAIRE ne voulait pas se marier.
On trouvera ci-après le texte intégral de ces lettres royales, sur le repli desquelles sont portées la mention " Par le Roi et son conseil " et une signature " de l’AUBESPINE " avec grille et paraphe, mais le sceau de cire à disparu.
" CHARLES par la grâce de Dieu Roi de France à tous ceux qui ces présentes verront, salut, savoir faisons que Gratien GAULTIER écuyer, seigneur de JORT et de PIERREFITTE, fils de feu Jean GAULTIER en son vivant écuyer et de demoiselle Jacqueline de BEAUREPAIRE, sa femme, et Jean de BEAUREPAIRE cousin germain dudit GAULTIER, natifs et demeurant en notre vicomté d’Argentan et d’Exmes, duché d’Alençon nous ont très humblement fait supplier d’autant que cognomen de BEAUREPAIRE est en danger de brièvement périr et demeurer éteint à cause que ledit Jean de BEAUREPAIRE qui est âgé n’ayant opinion de se marier est seul du nom, qu’il nous plaise ; en faveur et considération que ledit GAULTIER est plus proche parent dudit de BEAUREPAIRE pour continuer le cognomen en mémoire de leurs prédécesseurs, leur accorder que icelluy GAULTIER et ses successeurs descendant de lui en loyal mariage prennent et portent toujours ledit cognomen de BEAUREPAIRE ce qu’ils ne pourraient faire sans leur être sur ce par nous permis, pourvu et donné nos lettres à ce convenables, lesquelles ils nous ont très humblement supplié leur accorder.
A ces causes désirant continuer la mémoire des maisons anciennes de notre royaume avons permis, octroyé et accordé audit GAULTIER prendre pour lui et ses successeurs de lui descendant en loyal mariage ledit cognomen de BEAUREPAIRE, sans qu’il ne soit plus tenu de se nommer GAULTIER, SI DONNONS en mandement à nos juges et officiers en ladite vicomté d’Argentan et Exmes qu’il leur appert ce que dit est et qu’ils souffrent ledit GAULTIER prendre et retenir pour lui et ses successeurs comme dit est ledit cognomen de BEAUREPAIRE et soit cette présente lettre publiée et proclamée à l’auditoire de ladite vicomté à ce que personne n’en ignore ni prétende cause d’ignorance, car ainsi nous plaît-il d’être fait, sans préjudice de nos droits et d’autrui droits.
Donné à St-Germain-en-Laye le 25e jour de janvier l’an de grâce 1561 et de notre règne le deuxième. "
L’authenticité de ces lettres est certaine : elles sont d’ailleurs citées et admises par la recherche de M. de Marle en 1667 ; seul le motif donné pour la reprise du nom ne se comprend pas facilement, ne se rattachant pas à la condition mise au contrat de mariage et la parenté de ce Jean de BEAUREPAIRE n’étant pas prouvée par documents actuels.
Autre mystère, l’acte du 2 mai 1600 (AC) autorisant plus tard André GAULTIER, Sgr du Fresne, à changer son nom contre celui de BEAUREPAIRE, étant seigneur de la terre de ce lieu.
Gratien GAULTIER avait épousé, par contrat du 31 octobre 1530 (A et H), Anne TIRMOIS, fille de Jean TIRMOIS, Sgr de Hautmer, procureur du roi aux sièges d’Argentan et Exmes et de Renée JODON. Lui et sa femme partagèrent, le 24 août 1565 (AC et H) entre leurs enfants, leurs biens à Jort, Vendeuvre et Perrières et cet acte nomma les 5 fils qu’ils eurent ; ils eurent aussi 3 filles. Gratien de BEAUREPAIRE était mort en 1566, laissant :
V — Robert de BEAUREPAIRE, éc. Sgr de la Rozière et de Pierrefitte, fut partagé avec ses frères par leurs père et mère le 24 août 1565 (H — AC). Robert partage avec ses frères la succession de son père en août 1567 (H) et eut entre autres la terre de Louvagny dans son lot (M) ; il semble donc que la politique d’achats de terre de la famille de BEAUREPAIRE avait commencé à s’étendre sur cette paroisse.
Il fut contrôleur ordinaire des domaines du roi dans la vicomté d’Argentan et Exmes : il avait cette qualité en décembre 1593 (A).
Il épousa en premières noces Adrienne du ROUYL3, fille de Louis du ROUYL, Sgr de Beaufai-sur-Rille, de Colombelle-sur-orne, de Boismorel, de Guetteville, et de N. GILLAIN, fille de Jean GILLAIN, Sgr du Bois Guillaume et du Houssoy, et de Françoise GILLAIN. Le mariage de Robert de BEAUREPAIRE avec Adrienne du ROUYL eut lieu en 1557. (R – Dossier bleu 77) Il en eut les enfants qui suivent.
Il épousa, le 8 juillet 1581, en deuxièmes noces, Anne le ROYER, dame de la Celle, veuve de noble Romain BILLARD, Sgr de la Fontaine et fille de N. le ROYER, Sgr du Mesnil, dont il n’en eut pas d’enfant (copie simple A).
Le 21 mars 1593 (H et copie simple A) " se voyant indisposé de ses membres et de faire valoir ses biens " il fit donation à ses fils Louis et Jacques de sa fortune et celle de leur mère défunte Adrienne du ROUYL. Ceux-ci se partagèrent la succession de leur père, le 22 mai 1595 (copie simple A).
VI — Louis de BEAUREPAIRE, éc. Sgr de Pierrefitte et de
Louvagny. Agé de 9 ans fut page du duc de Lorraine qui mourut 6 ans après. Il
devint alors page de M. de Guise. A sa sortie de page, à 18 ans, il fut
gendarme de la compagnie de M. de Halot-Montmorency. A 21 ans, il fut nommé
maréchal des logis de la compagnie des gens d’armes de M. de Thorigny où il
devint guidon, enseigne et lieutenant.
Il reçut le 18 janvier 1590 (A) une commission de capitaine pour lever cent hommes d’armes ; il était guidon de 50 hommes d’armes des ordres du roi sous la charge du comte de THORIGNY en 1594 (AC).
Il fut nommé gouverneur de la ville de St-Maixent le 28 janvier 1590 en survivance de son père Robert qui avait été aussi gentilhomme ordinaire de la chambre du roi comme Jullien de BEAUREPAIRE, frère dudit Robert (R – Dossier bleu 77).
Il eut l’honneur d’être très connu du roi Henri IV et se ressentit des libéralités de ce roi : en 1599, il en reçut pour récompense de ses services les biens confisqués de plusieurs rebelles criminels de lèse-majesté qui possédaient des places et offices de président et élus de la ville d’Argentan, mais ces rebelles étant tous ses parents et amis, Louis de BEAUREPAIRE leur rendit peu après tous leurs biens (R – Dossier bleu 77).
Il épousa en premières noces, le 21 janvier 1588 (H - AC) Prégente d’OILLIAMSON4, veuve en premières noces du baron de la PLANCHE et en deuxièmes noces de Jean de la MORICIÈRE, éc. Sgr et patron de Vicques, fille de Thomas d’OILLIAMSON, chevalier des ordres du Roi, Sgr Vicomtal de Coulibœuf, d’Ouilly et de Fribois. Il n’eut pas d’enfant de ce mariage. Prégente d’OILLIAMSON après sa mort fut inhumée dans l’église de Louvagny.
En secondes noces, Louis de BEAUREPAIRE épousa, le 16 octobre 1594 (H - AC) Madeleine le FOURNIER5, veuve en premières noces de noble homme Philippe de BÉRENGER et en deuxièmes noces de Nicolas de MARGUERIE, Sgr de Bretteville, enseigne de la compagnie du comte de THORIGNY, fille et seule héritière de noble homme Pierre le FOURNIER, Sgr des Aulnais et de Guillemine de NOCEY. Sa femme lui fit donation de tous ses biens, à charge pour Louis de BEAUREPAIRE de payer 100 écus de rente pour le douaire de Jeanne de NEUVILLE, veuve de Henri le FOURNIER, Sgr du Mesnil, son oncle. Louis de BEAUREPAIRE donna procuration pour faire enregistrer le contrat de mariage le 9 novembre 1594 (copie simple A).
Il acquit le 14 novembre 1595 les fief, terre et seigneurie de Louvagny mouvant de la châtellenie d’Exmes de Nicolas le NORMAND, l’acte d’acquêt ne parle ni du château ni de la chapelle attenante à l’église et le prix de la cession s’élève à 2333 écus. La famille le NORMAND possédait cette terre depuis au moins le XVe avec Girot le NORMAND6. Cet achat terminait une politique d’acquisitions de droits et terres commencée depuis longtemps.
C’est ainsi que par contrat du 9 juin 1588 avec Gratien le NORMAND, frère de Nicolas, il avait le droit de prendre 100 écus de rente sur ce fief, comme faisant suite aux droits de Thomas RETOUL, fils de Jean RETOUL et de Nicole le NORMAND, au mariage desquels avait assisté Jacques GAULTIER, éc. prêtre en 1498 (A). C’est ainsi aussi qu’il avait procédé à des contrats d’échange de terre avec Jérôme le NORMAND, tandis que son grand-père Gratien avait déjà eu des procès d’intérêt avec Robert le NORMAND en 1538 (A).
Louis de BEAUREPAIRE mourut en 1620 et sa seconde femme 15 jours après lui. Ils furent inhumés tous les deux dans l’église de Louvagny, laissant 5 enfants.
VII — François de BEAUREPAIRE, Sgr des Aulnais et de Louvagny. Il naquit en 1601. A l’âge de 16 ans son père l’envoya en Hollande d’où il revint en 1620 lors de la mort de ses parents (R – Dossier bleu 77).
Le partage de la succession donna lieu à de grandes querelles, qui allèrent si loin que François de BEAUREPAIRE fut blessé d’un coup de carabine au bras, si grièvement qu’on dût l’amputer. L’assassin fut pris et condamné au supplice de la roue ; c’était un des valets de son frère Philippe (R – Dossier bleu 77).
Grâce aux sollicitations de parents et amis, les deux frères se réconcilièrent et partagèrent à l’amiable la succession le 16 août 1622. Il transigea donc avec son frère Philippe sur le partage de la succession de leurs parents le 16 août 1622 (A) ; il épousa par traité de mariage du 24 juin 1624 (H) Diane de GUERPEL7, fille de François de GUERPEL, Sgr de Bonnebosc, de Perrières, des Loges et de Godichon, chevalier des ordres du Roi, gentilhomme ordinaire de la chambre et de Claude de FRANQUETOT8, fille elle-même de Louis de FRANQUETOT, Sgr de St-Jore de Sainteny, chevalier des ordres du Roi, gentilhomme ordinaire de la chambre et de Diane de MONTMORENCY, sa femme.
Son mariage qui constituait une très belle alliance, les héritages qu’il fit des biens de son frère Philippe en 1626, des biens de son oncle Jacques en 1636, lui donnèrent une certaine aisance. Un bonheur aussi soutenu suscita l’envie de ses voisins, mais il se tira toujours de toutes les affaires qu’on lui fît comme une personne de qualité et d’autorité. Ainsi un de ses voisins Henri d’OILLIAMSON n’ayant voulu entendre à aucune partie d’honneurs fut contraint, ainsi que plusieurs autres, à venir dans le château de Louvagny lui demander pardon, en présence d’une grande quantité de gens de qualité assemblés à cet effet.
Henri d’OILLIAMSON fut d’ailleurs assassiné peu après le 1er juin 1626 au Pont d’Auge près de Vicques, par Jacques de la MORICIÈRE, Sgr de Vicques, lequel à son tour fut tué peu après. La tombe d’Henri d’OILLIAMSON existe dans le chœur de l’église de Coulibœuf. (R – Dossier Bleu 77)
François reçoit aveu, le 16 septembre 1637 (H) pour des héritages mouvant de la seigneurie de Louvagny et rendit hommage au roi pour le fief de Louvagny le 12 décembre 1641 (H).
François de BEAUREPAIRE obtint par lettres patentes de mai 1651 enregistrées le 22 mai 16519 l’érection de ses terres de Louvagny en plein fief de haubert, avec autorisation de construire un château et une chapelle : la demeure actuelle doit donc être en fait son œuvre.
Pendant les courts instants que François de BEAUREPAIRE passait à Louvagny, il s’occupait de bâtir et d’embellir cette propriété ; on lui doit le château alors entouré de fossés, bastions, meurtrières et pont-levis qui ont disparu en partie. Il ne reste de ce temps qu’une tour élevée d’où on découvre le pays et le pont-levis sur un terre-plein, les fossés ayant été comblés. Il dessina la promenade et, ayant acheté successivement une partie des maisons du village, il fit un parc de 250 acres qu’il entoura de murailles. Il fit graver une plaque de cuivre qui contient les armes des familles alliées à la sienne : la plus ancienne est celle de Noga de DOL qui épousa en 1236 Salomon GAULTIER. (R – Alexandre de B. - 1840)
Il semble donc qu’il fut le premier à se préoccuper de telles questions, car il existe encore (A) une étude de sa main sur l’origine de la famille DOMAIGNÉ (mère de Jacqueline de BEAUREPAIRE) la rattachant à la famille royale d’Angleterre : peut-être est-ce lui l’inventeur des premiers degrés douteux de la famille GAULTIER. (R – B. B. L.)
Il mourut le 4 février 1664 et fut enterré dans l’église de Louvagny avec sa femme qui était morte le 19 août 1661 ; ils avaient eu dix enfants.
VIII — Henri de BEAUREPAIRE, éc. Sgr de Louvagny, fut
baptisé à Louvagny le 27 avril 1625. Son parrain fut Henri de GUERPEL, Sgr de
Perteville et sa marraine Diane de COURSEULLE, fille du Sgr d’Aly.
Sa carrière militaire fut la suivante :
Il entra au service du roi à l’âge de 15 ans en 1640 ; en 1641, il assista au siège d’Aire. Il fit la campagne de Lorraine et celle d’Alsace. Il se trouva à la prise de Gense, au siège de la Motte en Lorraine, à la prise de Viviers en Franche-Comté. Il rejoignit ensuite le roi à Lyon. En 1647, il était à Amiens, puis Warwick. Apres 1647, il commandait à Dixmude quand cette ville fut assiégée : il ne se rendit qu’après avoir obtenu par sa vaillance une bonne composition. L’année suivante, il était à la prise de Furnes et continua à se trouver à toutes les campagnes (R – Dossier bleu 77).
Il acquit, par échange, le 18 juillet 1666 (A) quelques héritages que ses frères Pierre, Louis et François avaient eu de la succession de leur père. Ils furent tous les quatre maintenus dans leur noblesse qu’ils avaient justifiée depuis 1453 par arrêt du Conseil du Roi du 23 juin 1667 (H - AC) sur la recherche de M. de MARLE.
Il épousa par contrat du 10 mai 1657 (A) Anne de PIÉDOUE. veuve de Salomon du THON, éc., Sgr et patron de Beny, fille de Jean Michel de PIÉDOUE, Sgr de la Moissonnière, conseiller du roi, substitut du procureur général de la Cour des Aides de Normandie, et de Marie de MOUTIERS13.
Henri, eut semble-t-il, des difficultés lors de son mariage avec Anne de PIÉDOUE, (sœur de Renée de PIÉDOUE épouse de son frère Louis de Beaurepaire) par contrat le 10 mai 1657, reconnu au soleil couchant le 19 mai 1658. (Elye Harent et Pierre Ameline not. à Montpinçon tabellion de Jort). Le Sgr de la Moissonnière avait refusé de ratifier ce contrat et n’avait pas comparu.
Anne avait été baptisée à N.D. de Caen le 13 juillet 1634, âgée de 2 jours. Parrain : H.H. Germain CAILLETEL Sgr de la Champagne, de la paroisse de St-Jean. Marraine : Honeste femme Anne CANU, sa grande (sic) femme d’Honnest H. Michel de PIÉDOUE.
Il fut rendu sentence au baillage de Caen le 15 octobre 1675 (H) sur l’opposition faite par lui et sa femme à l’adjudication à Messire Anne Le BLANC, Sgr de la Croisette, gouverneur et bailli de Caen, des biens de feu François de THON, Sgr des Moulineaux, Conseiller du roi, président en l’élection de Caen, oncle d’Anne de PIÉDOUE sur les biens duquel elle avait, d’une part, 6 années d’arrérage de son douaire, suivant accord passé le 18 mai 1682 avec ledit feu Sgr des Moulineaux et Robert de THON, Sgr de Roncheville frères et, d’autre part, les arrérages de 500 livres de douaire promis par le contrat de son mariage, selon accord du 28 juin 1650 avec le feu M. de THON.
La régente lui fit l’honneur de lui parler et de lui dire qu’il était de Normandie, mais non pas Normand, alors qu’il allait rejoindre le comte d’Harcourt qui n’avait plus que Pont-de-l’Arche et Pont-du-Denier. Bientôt les services qu’il rendit le firent nommer l’homme du roi pour aller de tous côtés recruter, compter les partisans de sa Majesté et, au retour, la reine régente lui donna un régiment d’infanterie qu’il commanda jusqu’à la paix. Quand la guerre se ralluma, le roi et les ministres firent encore appel à lui, mais il n’était plus en état à cause de son incommodité de goutte et des grandes blessures reçues, aussi dut-il rester dans son château de Louvagny où il mourut peu après.
Anne de PIÉDOUE, après la mort de son mari Henri de BEAUREPAIRE, Sgr de Louvagny, fait enregistrer ainsi leurs armoiries par d’Hozier :
Il consacra les loisirs forcés que lui faisait la maladie a embellir sa terre. Poursuivant l’idée de son père pour chercher à perpétuer les alliances de sa famille, il fit peindre à la voûte de la chapelle seigneuriale les écussons des femmes de ses ancêtres jusqu’à la sienne. (R – Dossier bleu 77)
Les armoiries indiquées jusqu’ici figurent pour la quasi totalité sur la plaque de cuivre dont il a été parlé ci-dessus et sur les voûtes de la chapelle. Elles ont été identifiées par Alfred de BEAUREPAIRE qui a décrit également les armoiries des pages 60 à 74 et 98 à 114. Bien entendu de nombreuses familles alliées aux BEAUREPAIRE sont pourvues d’armoiries bien qu’elles n’aient pas été rappelées dans ces Notes Généalogiques. Il en va ainsi notamment pour : BAILLEUL, BARBEY d’AULNEY, CAVEY, COULIBŒUF, GARENTIERE ou GARENCIERE, LABBE DE PUNELEY, le MAIRE, NOLLENT, le PEVEREL, des ROTOURS, VAUBOREL, VENOIS etc… (R – B. B. L.)
Henri de BEAUREPAIRE mourut le 29 septembre 1696 (AC) laissant 7 enfants :
IX — Henri François de BEAUREPAIRE14, Sgr de Louvagny, né le 11 avril 1658, ondoyé le 14, reçut le supplément des cérémonies du baptême le 19 avril 1663 (A). Il reçut la confirmation et la tonsure le 7 avril 1670. La même année, par acte signé à Paris le 17 décembre 1670 Jean de CAENCHY, chanoine de Goupillières ayant résigné son canonicat en sa faveur, il prit possession de sa stalle à Bayeux le 28 janvier 1671 en qualité de chanoine " in minoribus ". Il semble que ce fut à la mort de son frère Louis qu’il résigna son canonicat en faveur de son frère cadet Jean Michel.
Il servit le roi dans la compagnie des 200 chevau-légers de la garde ordinaire de sa Majesté sous les ordres du duc de CHEVREUSE qui, dans les rapports de service, l’appelait " Mon compagnon ".
Ses garnisons l’appelèrent de 1686 à 1690 à Achères, Nemours, Mantes, St-Lô et Paris (A). En 1689, il fit les campagnes de Flandre et d’Allemagne (A). Le 19 septembre 1690, il repoussa les ennemis à Courtray en Flandre ; pendant ses campagnes, il eut plusieurs chevaux tués sous lui, le roi lui en fit compliment, mais ne les paya pas (R – Dossier bleu 77). Blessé au bras au combat de Leuse en Flandre, il fut tué au combat de Tongres en Flandre le 16 juillet 1693 (A) étant alors sous-brigadier dans la compagnie des 200 chevau-légers. La vente de ses équipages faite à l’armée rapporta 700 livres (A).
Il avait épousé par traité de mariage du 5 septembre 1681 (A) Anne Le SENS, âgée d’environ 30 ans, fille de Guillaume LE SENS, Sgr de Folleville et de Launay, conseiller du roi en ses conseils d’État et Privé, Lieutenant-général de ses camps et armées, et de Marie de MALHERBE15 sa femme, demeurant au château de Launay à St-Georges-de-Nièvre où ils reçurent la bénédiction nuptiale le 22 septembre 1681 en présence notamment de Louis de BEAUREPAIRE, Sgr dudit lieu16.
La famille Le SENS de FOLLEVILLE était une des premières de Normandie par sa considération et ses richesses, ce qui permit à Henri François, un peu endetté, mais bien fait de corps et d’esprit, de se libérer et de poursuivre les achats de terre (R – Dossier bleu 77).
Dans le contrat de mariage, Henri de BEAUREPAIRE abandonnait à son fils Henry François les terres, château et dépendances de Louvagny, contre versement d’une rente annuelle de 1 600 livres. Mais, moins d’un an après, Henri François demandait, le 1er mai 1682 (A) que cette rente fut suspendue, car " les terres sont presque toutes en friche. Il y a plus de vingt ans qu’il n’y a eu d’engrais : c’est si vrai que les années dernières on n’a pas recueilli la semence, pas même pour les frais des labours. Les maisons, bâtiments et murailles sont, pour la plupart, en ruines. Il faudra plus de 10 000 livres de réparations. " En fait, la requête fut acceptée et on autorisa des réparations aux maisons du village pour 4 880 livres, ce qui montre que la carrière militaire du père avait plutôt nui à la bonne gérance de ses biens.
Anne Le SENS renonça à la succession de son mari le 26 août 1693 (H) ; elle mourut le 30 janvier 1725 (A).
Trois enfants étaient sortis de ce mariage :
X — Jacques Charles Alexandre de BEAUREPAIRE, Sgr de Louvagny, né le 12, baptisé le 13 novembre 1686 à Louvagny : on omit de déclarer ses prénoms, ce qui fut fait le 18 janvier 1711.
Il épousa, par contrat de mariage du 12 janvier 1711, Charlotte Catherine de SAINT-MARTIN, fille de Jacques de SAINT-MARTIN17, Sgr de Cerceaux et de Mauveville, et de Marguerite MALET de GRASVILLE.
Il avait servi en qualité de mousquetaire dans la seconde compagnie des mousquetaires du roi : il fit en particulier la campagne de Flandre l’année de son mariage à la fin de laquelle il obtint son congé absolu le 29 octobre 1711 (A).
Le 4 mars 1726 (A) il partage avec son oncle de BEAUREPAIRE, Sgr de Pontfol, la succession de ses grands parents paternels.
Il acquit par héritages ou acquisitions les terres de Cerceaux, Mauveville, Grogny, Brocottes et Beuvronnet.
Il mourut en 1749, sa femme en 1730, laissant :
Lieutenant dans le Bataillon de Milice | 1 juin 1733 |
Lieutenant en second au régiment de Normandie | 1 janvier 1734 |
Enseigne " | 8 juin 1735 |
Lieutenant " | 12 septembre 1735 |
Gentilhomme à drapeau au régiment des Gardes Françaises | 7 avril 1739 |
Second enseigne " | 31 mars 1743 |
Premier enseigne " | 4 août 1743 |
Sous-lieutenant " | 19 février 1745 |
Chevalier de St-Louis " | 31 mars 1745 |
Sous-lieutenant de grenadiers " | 3 mars 1748 |
Lieutenant " | 2 septembre 1753 |
Lieutenant de grenadiers " | 8 février 1761 |
Tenant lieu de Colonel " | 22 mai 1763 |
Capitaine " | 24 juillet 1768 |
Capitaine de grenadiers " | 31 août 1777 |
Gentilhomme à drapeau | 6 septembre 1745 |
Second enseigne | 18 mars 1744 |
Premier enseigne | 19 février 1745 |
Enseigne | 19 mai 1745 |
Sous-lieutenant | 15 août 1745 |
Sous-lieutenant de grenadiers | 3 novembre 1748 |
Chevalier de St-Louis | 29 mars 1758 |
Lieutenant | 14 octobre 1759. |
XI — Jean-Baptiste Henry Jacques de BEAUREPAIRE, Seigneur de Louvagny, Brocottes et Beuvronnet, naquit le 7 novembre 1712. Il fut admis en 1730 comme page à la Grande Écurie.
Gentilhomme à drapeau au régiment des Gardes Françaises en 1733, il fit cette année-là la campagne d’Allemagne. Dès le 22 février 1737, il s’est retiré du service étant qualifié d’" ancien officier ".
Le 10 mai 1749 (copie simple A), il partagea avec ses frères la succession de ses père et mère.
Il épousa en premières noces, par traité de mariage du 22 mai 1749, Élisabeth Charlotte de CUGNAC, fille de Philippe de CUGNAC et de Rose VANMINE : le mariage fut célébré le 21 mai 1749 à l’église St-Sulpice par Monseigneur de ROCHECHOUART, évêque d’Évreux. Sa femme étant morte, il épousa en deuxièmes noces, le 21 octobre 1752, Marie Angélique Reine de la FRESNAYE, fille de Jacques Alexandre de la FRESNAYE, Sgr de St-Agnan, Cramesnil, Rocquemante, le Haut Bosc, et de Marie Anne NEEL de CHRISTOT.
Il fut inhumé à Louvagny le 11 juillet 1772, laissant une fille du premier lit.
Jean-Baptiste Henry Jacques de BEAUREPAIRE avait eu trois enfants du second lit :
XII — Jacques Alexandre Reine de BEAUREPAIRE, Sgr de Louvagny, Brocottes et Beuvronnet, né à Louvagny le 27 janvier 1754.
Il eut la carrière militaire suivante :
Était à Versailles comme garde du Corps les journées des 5 et 6 octobre 1789. Certains récits historiques des journées des 5 et 6 octobre 1789 à Versailles y situent Jacques, Alexandre Reine de BEAUREPAIRE de LOUVAGNY en sa qualité de garde du corps. (" Les grands procès de l’Histoire " de Me Henri ROBERT – " Les journées des 5 et 6 octobre " de Marc de VILLIERS).
Son témoignage n’est pourtant relevé ni dans la procédure criminelle du Tribunal du Châtelet (cf. B.N. le 29-980) ni dans le manuscrit trouvé dans une armoire de la chambre de la reine Marie-Antoinette aux Tuileries en 1792 et reproduisant plus de 70 lettres de gardes du corps (cf. A.N.C. 122-160*157). Il y a cependant dû écrire ou déposer sa participation à ces journées révolutionnaires puisque Marc de VILLIERS dit dans son ouvrage : " … Tardivet du Repaire ou Miomandre de Sainte-Marie qui, d’après Beaurepaire, reçut au même endroit (Salle des Gardes de la Reine) cent cinquante meurtrissures … " Sa présence est signalée par le même auteur dans la Salle des Gardes du Roi d’où il passa dans l’Antichambre du Roi puis dans l’Oeil de Bœuf.
Malheureusement, Marc de VILLIERS ne donne aucune référence, tandis que le gros ouvrage de Don LECLERQ sur ces deux journées qui, daté de 1924, paraît le plus complet, bourré de références, n’en parle pas. (B.N.L.B. 39 12*068).
Quoi qu’il en soit, lors de la liquidation de sa retraite de 700 francs accordée à partir du 3 septembre 1814, sa présence à Versailles lors de ces deux journées lui fut comptée comme une année de campagne de guerre, en fait foi le décompte signé le 31 octobre 1815 par le duc de Luxembourg, capitaine des Gardes, décompte qui figure dans les archives du Service Historique de l’Armée, au Château de Vincennes, dans le carton " Glass. Gal. Alphabétique Officiers 1791/1847 - BEAUREP.212. "
Enfin, ci-après les extraits des Mémoires de la duchesse de TOURZEL, gouvernante des Enfants de France (Première édition. Plon. 1883, page 14, tome I) : " … blessés dangereusement, entre autres MM. de Beaurepaire et de Sainte-Marie ; mais ils eurent heureusement le temps de crier : " Sauvez la Reine ! " …
Monsieur de Miomendre de Sainte-Marie est mort en émigration, et je ne l’ai pas revu depuis cette horrible journée. Monsieur de Beaurepaire venait faire sa cour au Roi et à la Reine aussi souvent qu’il le pût sans danger. M. le Dauphin voulut le voir dans mon appartement et je l’y fit prier d’y venir dès qu’il le sut, à Paris. Il se jeta dans ses bras, l’embrassa, et lui dit : "Que je vous ai d’obligation d’avoir sauvé Maman !". Puis, se tournant de mon côté : "Madame, dit cet aimable enfant, je vous prie de lui donner à dîner, je descends de bonne heure et je le verrai plus longtemps. "
Il prit part, en 1789, aux assemblées de la noblesse. Pendant la Révolution, sa sœur, ayant quitté l’abbaye aux Dames de Caen, s’installa à Louvagny, ce qui fit que la propriété fut respectée.
Il fit partie de l’armée des princes en 1792, puis Cavalier noble au 2e rég. de l’armée Condé ; il fut nommé Chevalier de St-Louis le 10 février 1797 et reçu en cette qualité le 20 mars 1797 (Registre de l’armée Condé). A la date du 1er février 1800, il prit un congé en Allemagne jusqu’au 1er juillet 1800 et rentra en France vers septembre 1800, car le 23 Fructidor VIII, il demanda sa radiation de la liste des émigrés en fournissant des certificats de complaisance. S’il produisit une attestation certifiant que du 10 décembre 1792 au 15 septembre 1793 il avait habité à Paris, 20, rue des Fossés-St-Bernard, une partie des témoins cités se récusa par contre par la suite. La municipalité suisse de Landeron certifia de son côté que, d’octobre 1793 à octobre 1795, il avait résidé en Suisse sans prendre part aux opérations des émigrés (Arch. Nat. F7 4.591 et 4.956).
Il fut retraité avec le grade de capitaine et une pension de 700 francs à partir du 3 septembre 1814.
Il avait épousé le 8 janvier 1781 Louise Elisabeth GOUHIER18, fille de François GOUHIER, Sgr de St-Cenery, Duchesnay et de Renée Félicité LE COIFFREL. Louise Françoise Elisabeth GOUHIER née le 27 janvier 1763, baptisée le lendemain, parrain Louis Thomas GOUHIER, chanoine de la cathédrale de Sées, marraine demoiselle Renée Louise de MÉSENGE de BEAUREPAIRE, en l’église de La Place à Sées, le célébrant étant M. Dufossey, curé de la paroisse.
La maison GOUHIER, d’ancienne noblesse, est encore représentée de nos jours par les GOUHIER de FONTENAY. Louise Elisabeth GOUHIER était la nièce par sa mère, née LE COIFFREL, de Jacques Michel de BONVOUST, commandeur de Monlioust sur la commune de Bursard à deux kilomètres d’Essay, près de Sées, dont le tableau était à Louvagny avant de m’advenir (B.B.L.).
Jacques Alexandre Reine de BEAUREPAIRE mourut le 27 octobre 1829 à Louvagny ; sa femme mourut le 6 avril 1821 âgée de 57 ans à Paris, 40, rue des Mathurins et fut inhumée au Père Lachaise (concession à perpétuité N°149 P 1821).
Trois enfants sortirent de ce mariage.