Philippines

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Introduction

Ceci est la version exhaustive d’un stage effectué aux Philippines dans le cadre de ma deuxième année de L’Ecole Centrale de Lille (anciennement IDN). Ce stage n’intéressait plus qu’une condisciple de promotion qui le trouvait trop risqué. Moi, au contraire, je saute sur l’aubaine. Ce stage est obtenu par l’école via un échange de stage (Un philippin en France et un français aux Philippines), comme ce stage de deux mois (juin et juillet 1989) est gratuit, j’enchaînerai sur un stage Thomson-CSF bien rétribué, histoire de renflouer les finances. Je pars donc pour les Philippines avec des travellers check et une seule adresse qui est YSTAPHIL, 4227-4229 Tomas Claudio St., Parañaque, Metro Manila.

Comme idée des prix, le taux de change est environ de 22 Peso pour 1 US$, ce qui fait le Peso (P) a un peu moins de 30 centimes ou 3,4 P pour 1 franc.

Voilà, le calendrier de ma visite :

  Mai Juin Juillet
Lundi 29   5 12 19 26   3 10 17 24
Mardi 30   6 13 20 27   4 11 18 25
Mercredi 31   7 14 21 28   5 12 19 26
Jeudi   1 8 15 22 29   6 13 20 27
Vendredi   2 9 16 23 30   7 14 21 28
Samedi   3 10 17 24   1 8 15 22 29
Dimanche   4 11 18 25   2 9 16 23 30

Lundi 29 mai

J’arrive avec 24 heures de voyage effectif, avec des escales à Bahreïn et Kuala Lumpur. Il faut aussi prendre en compte les six heures de décalage horaire. L’avion est confortable et je suis assez reposé. Je sors du paradis d’air comprimé et c’est la chape de plomb qui m’assaille en entrant dans l’aérodrome. Allez, je me risque à l’extérieur. Je suis pris en charge par un groupe de locaux qui me dirige vers le taxi. Le groupe protège leur trophée, la source de rente. Il faut dire que j’ai vraiment l’air d’un touriste perdu en pantalon et veste. Je suis délesté de 7 US$ ce qui représente une demi-réussite sur les 10 US$ par personne que me demandaient les ‘porteurs’. Je suis donc poussé vers un véhicule banalisé où trois autres personnes prennent place. Ils prétendent que ce transport est légal et l’un d’eux se dit policier. Il me montre même une carte crasseuse où je n’arrive pas à lire grand chose. Enfin, ils ont l’air de connaître l’adresse, c’est déjà ça. Nous nous arrêtons à une pompe à essence et l’on me demande de payer l’essence ! Je m’en tire en disant, ce qui est vrai que je n’ai pas de pesos et encore moins de dollars. Je montre mon portefeuille avec quelques francs que je garde. Finalement, on me dit que je suis arrivé à destination. Je suis délesté des derniers dollars que j’avais en liquide (6 US $). Cela me semble très court et je suis pris d’un doute affreux. D’autant que l’endroit semble très mal famé.

Enfin, je me remonte la rue Tomas Claudio. Je trouve l’YSTAPHIL. C’est un havre de paix dans ce décor. En effet, derrière des murs d’enceinte un peu lépreux, de dresse une maison au milieu d’une pelouse. Quelques palmiers sont là. Les responsables m’accueillent dans cette auberge de jeunesse. Il y a deux dortoirs (un pour les filles et un pour les garçons). Sur les conseils des responsables, je vais à la recherche d’un magasin pour acheter un peu de nourriture. Je remonte la rue, mais j’ai vraiment l’impression que tout le monde me dévisage. J’essaye vainement de trouver le magasin. Finalement, je fais demi-tour. Je n’ose plus trop sortir de l’auberge et donc je passe le reste de la journée à me reposer sur un lit superposé où un grand ventilateur brasse l’air humide. Je me suis changé, j’ai laissé mon pantalon et ma veste dans le placard ! La nuit, c’est vraiment difficile de dormir et j’ai donc lu " Les chemins de traverse " de Nicolas Hulot.

Mardi 30

Je suis retourné à l’aérodrome à pied en passant par le chemin. Quel arnaque ! Ce n’est vraiment pas loin, j’y ai changé mes travellers et je commence à faire mes premières photos de la ville. Puis de retour, j’ai pris une douche froide. Il n’y a pas d’eau chaude ! L’eau chaude, c’est seulement pour les régions montagneuses (froides) du centre de Luzon (île où est Manille). J’ai enfin mangé quelque chose (cela fait plus de 24 heures sans rien prendre). Je suis allé chercher des timbres et des cartes postales. Puis, je me suis promené sur leur croisette, d’un côté les hôtels 4, 5 étoiles et de l’autre des cabanes de bric et de broc, en bois de récupération où l’on vend un peu de tout : des cigarettes, des boissons. Je finis par entrer dans un grand shopping center pour acheter des provisions. La rue derrière la croisette est une suite d’officines et de boutiques où l’on bricole tout et rien : on y répare des chambres à air, on y vend des boites de vitesse de seconde main ! Je remarque des vendeurs ambulants de glaces avec leur glacière bricolée de bout de polystyrène, des taxis-vélos presque sortis de films sur l’occupation. Tout fonctionne au diesel et génère une fumée impressionnante. Il faut voir ces voitures garées au bord de la route où un mécanicien conducteur est plongé dans le moteur et bricole je ne sais quoi. Les roues des véhicules sont lisses et on peut quelquefois apercevoir la structure du pneu ! Les taxis collectifs sont très décorés, multicolores et mondialement connus sous le nom de ‘jeepney’. Ils sont constitués de l’avant d’une jeep et l’arrière d’un pick-up. Il y a deux bancs sur les côtés pour permettre aux voyageurs de s’asseoir et l’ensemble et couvert d’une capote. On peut être 5 environs par bancs. Tout est délabré et gris sale. Il y avait un chien mort à côté de l’hôtel de ville de Pasay et de véritables bidonvilles le long de la rivière (ou canal). L’eau est d’une couleur indescriptible. Le bord de mer est aussi à l’avenant. C’est une véritable plongée dans une mégapole de pays en voie de développement.

Le fait dérangeant est que je suis le seul blanc (apparemment du moins). J’ai bien rencontré de loin un couple et un monsieur allant travailler et c’est tout. Il faut dire que Baclaran, c’est un peu comme Aulnay …

Je remarque aussi qu’il y a des policiers ou des gardes partout. A l’entrée des banques, ils sont armés de M-16 américains (fusil d’assaut) et ils ne semblent par très souriants. A l’entrée des magasins, ils ne sont armés que de riot-guns ! Bien sûr, ils reçoivent une pièce pour guider quelqu’un dans ou hors du parking.

Je commence à prendre mes marques doucement. A l’auberge, j’ai fait la connaissance d’un frère et d’une sœur venant de Norvège. On va sans doute faire quelques visites ensemble en attendant le début de mon stage. Ils ont en effet été témoins d’une agression et groupé, on limitera les risques (‘Better safe than sorry’).

Mon stage ? C’est apparemment assez pipeau, mais j’arriverai, sans doute à pipeauter. Il ne commence que le 5 juin. C’est mieux que le 1er juin !

Mercredi 31

Finalement, avec les deux norvégiens, frère et sœur, Tor et Bödil, nous avons visité le Nayong Village (5 P) sous une forte chaleur, c’est un peu fatigant car je ne suis pas encore habitué. En plus, l’ensemble est un peu décevant. On découvre les différents types d’habitats des diverses régions du pays. Le plus drôle, ce sont les gens qui habitent dans ces maisons d’une manière permanente. Enfin, on notera que le prix d’entrée des touristes est le double que celui des adultes …

Après, on s’est promené à Chinatown où l’on a parcouru divers magasins d’électronique. Les prix ne sont pas trop intéressants. On est finalement parti à la nuit tombée et je n’étais pas trop rassuré d’être à l’autre bout de la ville (Quiapo) par rapport à Baclaran où est l’auberge.

Jeudi 1er juin

J’ai beaucoup dormi et je ne sais pas trop à quoi c’est du mais c’est comme ça. J’ai fait quelques agences et le marché central de Mabini. Durant la soirée, j’ai écrit quelques lettres.

Vendredi 2

Le matin, c’est la grande préparation pour aller à mon entretien au MIS (Manilla ? Information System). Pour l’occasion, je ressorts ma veste de l’arrivée et je prends le bus accompagné d’une des personnes qui s’occupe de l’auberge de jeunesse. Je rencontre mon chef de stage et je vais être occupé à faire du dBase III ou du Lotus en fonction des besoins. Je vais travailler en fait au NPCC qui se traduit par National Pollution Control Commission. L’objectif de ce département est de lutter contre la pollution et d’après ce que j’ai vu à Manille cela semble être une cause un peu futile ou perdue !

Le travail n’a pas l’air tuant mais le problème c’est qu’il faut prendre le bus pendant une heure pour y aller. Il faut même changer de bus au milieu du trajet. J’espère ne pas trop me perdre en chemin.

J’ai fini le reste de la journée à me promener dans le centre commercial de Mabini pour regarder s’il n’y a pas quelques souvenirs ou de cadeaux à ramener. Je n’ai pas eu d’idée. Le soir, je vais voir quelques danses folkloriques dans le grand ‘théâtre’ de Manille.

Samedi 3

Je suis allé voir le cours de danse folklorique des Philippines. Un professeur sur une estrade dans un grand gymnase (ou quelque chose d’approchant). Dans cette grande salle, tout le monde semble un peu faire ce qui lui plait, c’est assez décevant, j’attendais plus d’explications sur les danses, leurs origines et objectifs. Il reste des mouvements effectués dans un joyeux désordre mais qui curieusement prennent forme.

Carte de Manille

Dimanche 4

Messe en tagalog, la langue ‘officielle’ des philippines ; du moins c’est la langue de l’île de Luzon où se trouve Manille. C’est dans une ferveur incroyable et dans une chaleur non moins impressionnante. Il faut quand même que je trouve une messe en anglais car ce sera plus compréhensible. Je croise une des personnes qui s’occupe de l’auberge à la sortie de la messe qui a l’air un peu étonnée de voir un occidental à cet endroit.

Comme tous les matins, je me suis réveillé environ vers 6:30. Quand je relirai cela, je tomberai des nues (et Papa aussi). A l’auberge, Jojo, un jeune garçon, aide à différentes tâches. Il dit avoir 18 ans mais il a la taille d’Etienne qui a la taille normale d’un enfant de 13 ans.

J’ai finalement acheté un lourd guide sur les Philippines (P 300). Cela me permettra de mieux me diriger dans Manille et aussi de peut-être découvrir le reste des Philippines. On s’est promené dans Manille en direction du parc Rizal, je suis avec Tom qui est un canadien étudiant vulcanologue et qui part travailler dans la campagne à 60 kilomètres au sud de Manille. Finalement, je reste lire ma nouvelle acquisition dans le parc. Je profite d’un concert d’un guitariste inconnu qui est très plaisant, le seul problème est que ses chansons sont en tagalog.

En revenant en jeepney, je viens de me rendre compte que je trichais sur le prix de la course en toute innocence. Cela fait quelques centimes économisés dans le flot des dépenses. Le soir, on regarde une partie de basket-ball endiablée.

Lundi 5

C’est mon premier jour de travail ! Difficile réveil car j’ai veillé tard hier soir et je me suis couché après minuit, résultat je prends le bus vers 7:15 et donc je n’arrive que vers 8:15 après m’être trompé d’étage (P 4). Personne ne m’attend vraiment, je sens ça mal … Finalement, tout s’est enchaîné assez vite après avoir un peu attendu. J’ai vu Manny, mon chef de stage et après je suis parti accompagné par ‘Nemo’ pour le parc, de là je retrouve Gigi et après une courte discussion, nous partons direction Makati pour une démonstration du GIS ‘cartographie et bases de données’. On se promène dans Makati qui est un espace résidentiel très privé. On longe même un golf très bien entretenu. On croise des villas qui sont fermées par de grands portails laissant deviner de belles perspectives.

J’ai péniblement commencé à lire le manuel dBase III, puis décidant qu’à 17:45, c’était assez, je suis finalement parti. Le retour fut épique. Un peu crevé, je suis resté debout pendant plus d’une heure en essayant de préserver mon sac du sol du bus pour le garder propre (mon sac, pas le bus). Bien sûr, c’est la pleine affluence et je suis comprimé dans la foule.

Finalement, je dîne vaguement de haricots (Heinz Tomato Beans) et de saucisses, prend une douche et au lit. Avant de m’endormir, je me rappelle de noter que les Philippins au NPCC passent par la pointeuse qui se situe à l’entrée des bureaux et qu’ils ne s’embrassent apparemment pas en public.

Mardi 6

Réveil à 6:30 et j’en profite pour faire un peu de nettoyage d’habits. Départ en jeepney sous la pluie (P 1,25). J’ai rendez-vous à 8 AM dans le centre ville de Manille à l’EMB. Je rentre dans un bureau qui semble désaffecté avec des herbes folles qui poussent dans la cour intérieure. Je découvre un open space de bureau où sont soigneusement rangées des notes de travail soigneusement numérotées pour séparer les étapes. Quelle ambiance ! Pendant deux heures, j’ai attendu. Une heure vaguement dormant sans en avoir trop l’air, une autre à lire des journaux d’ailleurs avec des nouvelles assez intéressantes. Ces bureaux de l’EMS version recherche et développement (R&D) sont d’une vétusté incroyable : fil électrique apparent courant le long du mur ou pendant entre deux attaches. Le matériel semble dater de la deuxième guerre mondiale, des restes des japonais. Au détour de la visite, je découvre un pH-mètre, deux ou trois spectromètres et quelques tubes à distiller, mais comme il n’y a pas d’eau à l’étage pour nettoyer, ils descendent au rez-de-chaussée pour le faire.

La recherche semble au diapason du pays, sur les 19 bureaux, il y a 4 personnes quand tout le monde présent aujourd’hui décide de se rassembler dans la même pièce.

Mercredi 7

Aujourd’hui, j’ai avalé du dBase III ! Le soir, je suis parti un peu tard car j’ai pas mal joué avec les ordinateurs à inventorier les différents jeux. Enfin, j’ai presque bien dîné le soir sauf qu’une partie de mon repas était un peu brûlée. J’ai beaucoup discuté pendant la cuisson ce qui fait que je n’ai pas été un chef cuisinier attentif. Je me couche tard, trop !

Le fonctionnement de l’auberge de jeunesse est assez simple. Mis à part les dortoirs, il y a une cuisine qui permet de se cuisiner ses repas. Pour l’utilisation du gaz, on verse un loyer par mois qui s’ajoute au loyer de la nuit.

Jeudi 8

Personne dans le bus ou quasiment. J’ai passé ma matinée sur dBase III et je commence à en avoir assez. Je ne vois personne venir et donc j’attends l’après-midi si Manny vient ? Finalement, j’ai passé l’après-midi sur dBase III à m’amuser à créer quelques tables et programmes pour voir. Le soir, pas grand chose, sinon de longues discussions avec July & Stella.

Vendredi 9

Un peu crevé, car j’ai passé la nuit à me doucher en cuisant le riz que j’avais laissé brûler en discutant, donc je recommençais ! Cependant, c’est amusant comme tout d’échanger différents points de vues sur tout et rien. La journée, j’ai un peu mal à la tête car la musique omniprésente se superpose au bruit infernal des imprimantes matricielles. De plus pour tout arranger, un beep strident ponctue l’impression de chaque page. Je continue de développer sur dBase III et avec le peu que je sais, je commence à construire quelque chose de pas trop mal. Les quelques conseils que je quémande tombent dans le vide. Enfin, Manny vient me voir et me donne le travail à faire qui reste à préciser.

Je pars épuisé, je n’ai quasiment pas mangé de la semaine ; le soir essentiellement et le matin un peu et je me sens un peu faible. La chaleur et la moiteur du climat n’arrangent pas cet état. Heureusement, sur le chemin du retour, il n’y a pas trop de klaxons et j’ai une place tout de suite assise dans le bus. Je me couche à 18:00 sans dîner.

Samedi 10

Malade, j’ai vomi le litre d’eau que j’avais péniblement réussi à avaler. Le fait est que toute nourriture ne me fait aucune envie. Je passe la matinée au lit à paresser. Je suis si blanc que cela commence à inquiéter un peu les filles qui tiennent l’auberge. Elles insistent pour que je mange quelque chose. Mais, tout ce que je me force à avaler prends un temps fou à avaler. Par exemple, par petites gorgées, un bol de soupe qui m’a été gentiment cuisiné, me prend presque une heure à ingurgiter.

Le soir, j’ai encore bien mal à la tête et un peu la diarrhée, c’est réellement pénible.

Dimanche 11

Ca va un peu mieux, je me force à me nourrir mais vraiment cela ne passe pas. La messe en anglais à midi passée, j’ai erré dans Harrizon Plaza comme d’habitude. C’est un peu déprimant d’être réduit à se promener dans les centres commerciaux. La seule différence est qu’avec les plans, je peux m’orienter et me diriger selon ma volonté et non en suivant au hasard les rues.

Pour changer, je rentre dans un Pizza Hut. Devant ma petite pizza, je me dis que je vais prendre dix heures pour la terminer. Finalement, en découpant de petits morceaux, en faisant des pauses, j’arrive à terminer mon repas ! C’est vraiment l’idée de manger qui me tord l’estomac.

Lundi 12

Défilé à ManilleC’est aujourd’hui la fête de l’Indépendance pour les Philippines. Je suis tombé par hasard sur le ‘défilé’. Les généraux, ou au moins des huiles bien décorées, des quatre armes discutaient tranquillement à deux mètres de moi. Pas de barrières, ni de contrôle de sac et encore moins de demande de pièces d’identité. Ils ont été prendre un snack en attendant le début de la cérémonie, très cool. Enfin, le défilé commence après l’hymne national et les sirènes des bateaux.

D’abord les chefs militaires suivis des détachements armés. Je remarque des militaires qui portent un uniforme proche de ceux de Saint Cyr. On voit passer les paras. Et surprise, un contingent de la banque des Philippines défile. Je vois aussi une délégation du ministère du tourisme. Les groupes de civils continuent le défilé dans un joyeux désordre. Je suis finalement parti mais le défilé se prolongeait dans un embouteillage empêchant les participants de se disperser rapidement (voir le plan). Ce qui reste étonnant est le peu de contrôles : par exemple, il n’y avait pas de barrières pour protéger l’accès de la tribune officielle.

Mardi 13

Je récupère doucement ma santé, j’ai pris un peu de soupe, une sardine et un zeste de pâte mais cela devrait être un peu trop et donc je passe ma nuit avec un mal de ventre carabiné. Comme je n’ai pas de médicaments sur moi, il faut attendre que cela passe. J’ai réussi au Heart Center à trouver le nom d’un médicament, il ne me reste plus qu’à trouver le produit en question. Enfin, c’est un peu la galère alors que je n’ai pas passé deux semaines. Pourvu que cela ne dure pas !

J’ai l’impression d’être un vieillard qui se traîne, c’est pathétique, j’ai du mal à en rire.

Mercredi 14

Journée classique au demeurant. Je me suis levé vers 6:30 pour prendre le bus de 7:00, après le premier jour de la semaine où il me semble qu’il y a plus de monde le reste de la semaine est plus tranquille. Boulot et encore quelques plaisanteries. La journée se passe à merveilles. Je joue tard le soir. J’aperçois même une souris, ce qui me fait penser à Mamie qui n’aimait pas du tous ces animaux. Le soir, je pars me faire couper les cheveux chez un coiffeur d’une rue adjacente. Cela me prend plus d’une heure à discuter avec le coiffeur qui veut m’entreprendre d’une manière plus intime. On aborde les sujets sur le bien-fondé d’être homosexuel, si j’ai envie d’essayer, etc… Pendant ce temps la coupe de cheveux se prolonge et j’ai droit à tous les extras : Talc sur la brosse, rasoir coupe-chou pour fignoler. J’avoue ne pas avoir été trop rassuré de le voir sortir son rasoir tout en continuant d’aborder les même sujets sous différents angles. Je suis parti assez content de la boutique, mais un peu mal à l’aise. Enfin, le tout me coûte 20 P, à peine 7 FF, cela défie la concurrence en France au moins.

Jeudi 15

Je croise un des nombreuses et maigres balayeuses des rues. Elles sont habillées de manière uniforme, un chapeau en paille de riz qui protège de la chaleur et de la pluie ; un foulard de couleur indéterminé et bien sale sur le visage qui est sensé protéger de la pollution urbaine (principalement des gaz d’échappements) ; un tee-shirt jaune délavé et troué associé à un pantalon vaguement rouge qui doit servir d’uniforme ; un balai en paille de riz qui est leur outil de travail et une sorte de pelle à poussière au bout d’un long manche, ce qui évite de se baisser ! La journée se passe comme d’habitude. Dès que je peux, j’écris quelques lettres mais pour l’instant il est près de minuit et c’est l’extinction des feux.

Pour l’instant, je suis monté dans des jeepneys dont seul le cadran de température d’huile reste actif (mais est-il juste ?) alors que la jauge d’essence, le compte-tours et le compteur de vitesse ont leurs aiguilles vissées sur le zéro. J’ai pris un bus dont le tableau de bord bricolé se trouvait à la hauteur des genoux du conducteur. Ce dernier fonçant dès que la route se libérait un peu pour freiner juste après. Une conduite chaotique mais assez généralisée qui permet de vérifier que les freins sont diablement efficaces et doivent être bien vérifiés.

Vendredi 16

Poisson sauté, je vais de mieux en mieux et la journée de bureau est bien classique. Le soir, j’ai vu ‘Chances are’ avec mon boss Manny Sabater, c’était plutôt sympa (P 10) et enfin demain, je vais à Puerto Galera.

Puerto Galera

Samedi 17

Je me lève à 5:45 pour prendre le bus (P 23) qui part à 7:00 pour un trajet d’environ 100 kilomètres. C’est ma première sortie hors de la ville, je découvre un paysage très vert et peu cultivé. Il y a beaucoup d’espaces en friche. Je croise quelques rizières avec des motoculteurs qui s’activent. Les quelques rivières que nous enjambons sont très encaissées un peu comme en montagne alors que nous sommes quasiment sur un plateau. Les routes sont en bon état et les épaves abandonnées sur le bord de la route disparaissent une fois la sortie de Manille consommée.

Arrivée à Batangas, je dois prendre le ‘ferry’ pour Puerto Galera. C’est en fait une longue barque avec des flotteurs d’une dizaine de mètres de part et d’autre. L’embarcation est propulsée par un moteur et la population qui va embarquer est constituée en majorité d’étrangers. Je m’enregistre sur le fameux ‘Registration Book’. On retrouve partout cette pratique : pour entrer et sortir des bureaux, pour visiter les musées et maintenant pour prendre le bateau.

Je prends mes quartiers pour la nuit et je me couche à 8 PM. Durant la nuit, je suis réveillé par le froid de la climatisation, il est 2 AM. J’en profite pour écrire quelques lettres et puis, avec un drap de plus je me recouche sous ma moustiquaire qui crée un effet de baldaquin sur un immense lit double. Le matelas est un peu dur mais finalement je préfère pour le dos !

Dimanche 18

Ce matin, je me réveille tôt pour bien profiter de la journée. Il n’est pas 6 AM que je me suis déjà baigné. L’eau est extrêmement agréable presque trop chaude. Je fais quelques brasses et je ressors. Je suis sec en une demi-heure. Donc, je passe mon temps à lézarder sur la plage en regardant vaguement mon programme dBase III que j’avais pris avec moi, en me reposant et en me baignant régulièrement pour éviter de trop souffrir de la chaleur. Je finis par prendre le bateau du retour vers 1 PM et cela me permet de profiter du bus avec air conditionné pour le retour. Je ne remarque pas beaucoup de différences qu’en bus classique. L’atmosphère n’est pas meilleure que si l’on circulait toute fenêtre ouverte.

En arrivant à Manille, je crois reconnaître un embranchement près de Baclaran et je demande à descendre. Peu après, je me rends compte de mon erreur et je dois bien admettre que je ne sais pas où diable je suis tombé. Pour l’instant, je me trouve sur un gros rond-point perdu dans une des nombreuses banlieues pourries de Metro Manilla. Je n’ai pas le temps d’avoir trop peur et bien que mes premiers interlocuteurs semblent ne pas savoir où est Baclaran, j’arrive à trouver un jeepney qui m’y conduit via Pasay. Je me demande bien où je me suis arrêté ! Finalement, c’est plus de peur que de mal mais cela m’évitera dorénavant de me croire malin et suffisamment affranchi pour me lancer dans des subtilités et des raccourcis pour mes voyages.

Je finis ma journée avec Martin au McDO. Il est en train de faire un tour du monde avec un billet de 890 £.

Lundi 19 – Mardi 20

Peu de souvenir de ces journées diluées dans le travail et les repas pris à des heures fantaisistes. J’ai eu une longue discussion avec Martin, un british pure souche, parlant de l’empire britannique et ne comprenant rien à l’Europe.

Mercredi 21

Au déjeuner, je fais une folie en choisissant un gâteau à quatre couches : rose, mauve, jaune et vert. Il est superbe et finalement pas mauvais du tout. Une nouvelle expérience aussi ce matin en bus. Il tombe en panne et nous voilà tous sur la route avec vaguement le bus rangé sur le côté de l’avenue. Le conducteur, lui, reste dans son bus à essayer vaguement de le réparer (et peut-être à éviter qu’il soit pillé). Pendant cela, le contrôleur intercepte le bus suivant de la compagnie et nous fait tous monter. C’est simple et efficace.

Mon programme avance bien surtout depuis ce soir où j’ai simplifié le problème. J’ai aussi reçu deux lettres, c’est bien agréable.

Il faut lire un de leurs journaux où les articles font l’objet de renvoi aux pages suivantes ou précédentes, un peu comme certains tabloïds anglais.

A côté de l’Auberge, il y a là une sorte de terminal informel de jeepney. C’est là que beaucoup commence et finisse leur parcours qui remonte vers le centre de la capitale. Dans ce désordre apparent, les jeepneys partent l’un après l’autre. Un crieur se charge d’appeler, les éventuels passant pour la destination annoncée. Juste avant le départ, le conducteur le rétribue d’une petite pièce. Personnellement, je ne comprends pas grand chose au tagalog et je compte beaucoup plus sur les petits panneaux affichés sur le pare-brise qui indique quelques points clés du passage pour faire mon choix. Je vais essayer de m’améliorer dans la langue locale, pour l’instant cela se limite à : ‘Hinde ohoh’ et ‘Walang Pera’.

Jeudi 22

Il pleut pas mal mais la température reste excellente avec l’humidité qui règne. J’ai des traces de mon week-end : je pèle de l’oreille gauche et mon bras gauche est bien rouge. Dans le cadre des petits boulots, il faut savoir que l’EDSA cette grande et longue avenue à 5 voies de chaque côté est bien sûr nettoyée à la main. Le terre-plein central à sa ‘pelouse’ tondue à la main.

A chaque feu tricolore, il y a des multiples vendeurs ambulants qui assaillent les voitures et bus arrêtés pour vendre des cigarettes à l’unité, des chewing-gums ou du jus de noix de coco frais. La noix de coco est coupée devant nous et versée dans un récipient pour que l’on puisse boire.

Je termine la soirée avec des ‘collègues’ dans un restaurant, c’était très sympa. Le menu est composé principalement de viande coupée en petits morceaux, morceaux de poulets pannés et poulet rôti ; le tout est arrosé de bière San Miguel et pour une fois, il n’y a pas de riz.